Les autres sources d'excitation sont: « L'hérédité par les tares qu'elle peut laisser; certaines maladies comme la phtisie. Il y a les préjugés sur la pureté; tout ce qui déprime la personnalité; enfin le démon par ses tentations...» Plus loin l'auteur donne des conseils aux parents. Il leur demande «...d'éviter les excès de caresses de baisers (...) de veiller aux mauvaises habitudes qui pourraient créer chez l'enfant une tendance à la sensualité ». On met également les parents en garde contre « un danger nouveau (qui) vient s'y ajouter aux environs de la douzième année : le penchant au plaisir solitaire ». L'auteur ajoute que « La fréquence en est extrême chez les garçons ». Ce plaisir solitaire peut apparaître de diverses façons. On cite l'écrivain Anatole France. Celui-ci raconte que, vers neuf ans, il se sentit « inondé de volupté en dégringolant vertigineusement d'un arbre ». Comme quoi, avec un peu d'imagination, on peut trouver le plaisir n'importe où... Les seuls moyens capables de triompher de ce fléau : « Une forte volonté et une pratique religieuse intense ». Plus loin, l'auteur énonce une vérité digne de La Palice en prétendant que « ce vice est quasi toujours à base d'égoïsme »

Arrive alors l'éducation sexuelle, que l'on nomme « l'initiation ». Cette initiation doit être faite par les parents de l'enfant. En effet, la jeune personne peut devenir la proie de certains individus peu scrupuleux. On notera que l'auteur ne peut s'empêcher de verser lui-même dans l'équivoque : « Alors, dans l'immense majorité des cas l'initiation se fera par des « camarades », souvent par des pervertisseurs (ou des pervertisseuses) quasi professionnels, à peine plus âgés que leurs victimes ». Qui dira les ravages d'une telle gelée blanche pour ce printemps des âmes?

L'initiation complétée, il reste aux jeunes la préparation au mariage. On leur apprend que « de toutes ces vertus la chasteté est de loin la plus indispensable ». Pourquoi cela ? Tout simplement parce que « La satisfaction des sens émousse les facultés intellectuelles et détruit tout idéal dans l'âme des jeunes gens ». Ainsi, les futurs époux ont tout intérêt à « rester tranquilles » avant leur mariage. Pourtant, cette chasteté n'a pas empêché ces jeunes mariés d'être responsables, quelques années plus tard, de la formidable explosion démographique de l'après-guerre. Comme quoi : « Là où il y a de la gêne, y a pas de plaisir »?

Source : Cap-aux-Diamants, Automne 1990, page 79.

Louise B. Lafrenière

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