C’est dans ce contexte que Félicité, à 33 ans, publie son premier texte. Cette nouvelle, intitulée Un amour vrai, paraît sous forme de feuilleton dans la Revue de Montréal en 1878 et 1879. À la suite de cette parution, elle adopte le pseudonyme de Laure Conan. Ce premier essai ayant été remarqué, elle décide de se mettre à l’écriture à temps plein. Cette activité lui permettra de gagner sa vie, rare privilège pour les écrivains de cette époque et unique exemple féminin en ce domaine au Canada français.

Ses œuvres littéraires se suivront désormais à un rythme accéléré.

Elle publie son texte le plus célèbre, Angéline de Montbrun, qui paraît dans la Revue canadienne de Montréal en 1881 et 1882. Ce périodique accueillera, entre 1881 et 1919, un total de 38 articles de Laure Conan. La romancière publiera la majorité de ses œuvres de cette façon : d’abord un lancement dans une revue, ensuite, le livre. Dès 1882, elle désire tirer profit du succès obtenu avec Angéline de Montbrun en publiant le roman en livre. C’est le premier roman psychologique de la littérature québécoise.

La carrière de Laure Conan est lancée. Au cours d’un séjour en Europe en 1884-1885, Bruchési saisit l’occasion d’attirer sur elle l’attention d’écrivains français dont René Bazin avec qui la romancière aura des échanges épistolaires. Dotée d’une mémoire prodigieuse, elle s’oriente vers le roman historique et le genre biographique : À l’œuvre et à l’épreuve (1891), Louis Hébert, premier colon canadien (1912). Laure Conan  collabore à de nombreuses revues pour lesquelles l’écrivaine rédige des articles religieux, historique ou moral.

En 1900, la publication de L’Oublié lui obtiendra le prix Montyon de l’Académie française. Elle recevra son prix en 1903. Devant le succès remporté par L’Oublié, l’écrivaine décide, en 1907, d’en faire une version pour le théâtre : Aux jours de Maisonneuve mais... cette pièce sera un échec. Vers la fin de sa vie, Laure Conan fait un retour au roman intimiste L’obscure souffrance (1919) et La Vaine Foi (1921).

Dans sa retraite à La Malbaie, en plus d’écrire, Laure Conan cultive avec passion un jardin de fleurs. Elle ne sort de sa réserve que pour défendre ses droits d’écrivaine. Un jour, elle fait remarquer à Sir Wilfrid Laurier : « Si j’étais un homme, on me traiterait bien autrement ». Elle négocie avec fermeté lorsqu’elle doit faire éditer un roman. Cette femme mystérieuse est habitée de dualités : elle peut être, à la fois, réservée et fonceuse, introvertie et extravertie, volubile et peu bavarde.

En 1924, elle écrit La Sève immortelle qu’elle terminera sur son lit de mort. Ce dernier roman sera publié en 1925 par Chapais, son exécuteur testamentaire.

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