FEMME INFLUENTE

À une époque où le Québec est encore régi par le Code Napoléon et que la femme est considérée inapte juridiquement, des femmes se sont levées et ont fait entendre leurs voix  afin que leurs filles, leurs petites-filles et leurs descendantes puissent, un jour, exercer une profession, gérer des biens et conclure des contrats.

Je vous propose une rencontre avec celle qui est considérée comme la première femme de lettres québécoise :

MARIE-FÉLICITÉ ANGERS

Cette écrivaine dont le nom de plume est Laure Conan voit le jour le 9 janvier 1845 à La Malbaie dans le Bas-Canada. Elle est la fille d’Élie Angers et de Marie Perron. Les Angers possèdent un magasin général et s’occupent du bureau de poste de La Malbaie. De 1859 à 1862, Félicité fait ses études au couvent de Ursulines de Québec où elle se distingue par son goût de l’écriture. Ses travaux littéraires sont très souvent récompensés.

À son retour à la maison paternelle durant l’été 1862, Félicité vit une relation amoureuse avec l’arpenteur Pierre-Alexis Tremblay âgé de 34 ans, natif lui aussi de La Malbaie. En janvier1865, il est élu député (de tendance libérale) des circonscriptions unies de Chicoutimi et Saguenay puis député de Charlevoix jusqu’en 1875. Les amoureux rompent en 1868. Certains chercheurs attribuent la rupture à un vœu de chasteté qu’aurait fait Pierre-Alexis dans sa jeunesse. Félicité aurait refusé le mariage blanc que lui proposait son fiancé. Leur séparation aura une grande influence sur son œuvre.

Alors, Pierre-Alexis se tourne vers Mary Ellen Connolly qu’il épouse en 1870.

Félicité ne se remettra jamais de l’échec de son idylle avec Pierre-Alexis dont on peut suivre les traces à peine voilées dans plusieurs de ses romans. Selon plusieurs critiques, cet être aimé et perdu serait à l’origine du profond mal de vivre, du ton amer et fataliste qui se retrouvent dans son œuvre.

En l’espace de quelques années, Félicité vit plusieurs deuils : son père en 1875 et sa mère en 1879. De plus, le décès de Pierre-Alexis en 1879, lui enlève tout espoir.

En 1879, elle fait la connaissance de Thomas Chapais qui est l’ami de son frère Charles. Ces intellectuels se donnent souvent rendez-vous au presbytère du curé de La Malbaie, Narcisse Doucet, où ils rejoignent d’autres esprits éclairés : l’abbé Paul Bruchési, le notaire Élie Angers, poète à ses heures, frère aîné de Marie-Félicité, laquelle participe aussi aux rencontres de groupe. Chapais et Bruchési deviendront les principaux protecteurs de l’écrivaine.

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