Pionnière au pays de Menaud

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L’école de rang du XIXe et de la première moitié du XXe siècle n’était pas, nécessairement, un lieu pittoresque pour les institutrices rurales. Les anciens élèves se souviennent le plus souvent du charme désuet de la petite école surplombée de sa cloche où habitait une maîtresse d’école, parfois sévère, parfois gentille dont on se rappelle avec nostalgie.  

L’école de rang, c’était le temps de la grande noirceur. Un temps où les institutrices rurales peinaient dans des classes surpeuplées pour un pauvre salaire annuel de 125$ ou 150$. C’était une vie faite de renoncement et d’isolement. C’est ce « bon vieux temps- là » que la syndicaliste Laure Gaudreault s’est efforcée de changer en obtenant l’accès au syndicalisme pour ces enseignantes.

 Fille de François-Xavier Gaudreault et de Marguerite Bergeron, Laure Gaudreault naît à La Malbaie le 25 octobre 1889 dans un rang connu sous le nom de Snigoll (déformation du mot anglais Seagull ou goéland en français). Aujourd’hui, ce rang de campagne est rattaché à la municipalité de Clermont. La famille Gaudreault compte six filles et quatre garçons.

 La jeune Laure Gaudreault ne va pas à la « petite école » pour la simple et bonne raison qu’il n’y en  a pas dans leur rang. C’est donc la mère, qui possède une bonne formation, qui va servir d’institutrice à ses propres enfants. À l’âge de treize ans, Laure fait véritablement connaissance avec la vie scolaire en devenant pensionnaire au Couvent des Sœurs de la Charité de La Malbaie. Grâce à la générosité de sa marraine, Marie Gaudreault, elle-même enseignante, Laure peut poursuivre ses  études. Elle est une élève brillante et studieuse. Sur les six filles de la famille Gaudreault, cinq deviennent enseignantes.

 Récipiendaire d’une bourse du gouvernement, Laure est admise à l’École normale de Laval. En 1906, à l’âge de seize ans, elle devient institutrice dans une école de la paroisse des Éboulements. Son salaire est de 125$ par année à condition de ne pas s’absenter. L’instruction n’a pas de prix, dit-on. « Sans  doute, est-ce la raison pour laquelle on ne nous paie pas  » aimait rétorquer Laure qui n’a pas la langue dans sa poche. Laure enseigne quelques années dans le comté de Charlevoix puis passe deux ans avec les Ursulines de Québec qu’elle doit quitter à cause de différents problèmes de santé. Revenue dans Charlevoix, Laure enseigne à Pointe-au-Pic, à Clermont et à Rivière Mailloux, et ce, jusqu’en 1919.

          Lassée par les dures conditions faites aux institutrices rurales, Laure Gaudreault quitte l’enseignement et travaille comme journaliste au  journal Le progrès du Saguenay   sous le nom de plume de Cousine Laure. Elle profite de cette tribune pour intéresser l’opinion publique au sort de la petite institutrice rurale. Après une dizaine d’années comme journaliste, elle reprend l’enseignement au pays de Menaud.

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