PORTRAIT DE FEMME

 

UNE BATTANTE DANS UN MONDE D’HOMMES

 

Née littéralement avec une cuillère d’argent dans la bouche, Thérèse Forget a vu le jour le 10 juillet 1896 à Montréal. Fille de Sir Rodolphe Forget l’un des premiers millionnaires canadiens-français et de Lady Blanche MacDonald, Thérèse Forget a grandi dans un château avec d’innombrables domestiques autour d’elle. Son père, Sir Rodolphe Forget, député de Charlevoix de 1904 à 1917, fut à l’origine de la ligne de chemin de fer Saint-Joachim-La Malbaie, du Manoir Richelieu, de l’usine de pâtes et papier de Clermont, de l’ancienne ferme modèle Saint-Aubin de Baie-Saint-Paul et du renommé Domaine Forget de Saint-Irénée.

Le 19 janvier 1916, Thérèse Forget devint l’épouse de Pierre-François Casgrain, homme politique et député fédéral de 1917 à 1941. Quatre enfants sont issus de ce mariage : Hélène, Renée, Rodolphe et Paul.

Thérèse Casgrain a été un formidable personnage qui a traversé une grande partie du siècle dernier.

Cette femme, issue de la grande bourgeoisie, aurait pu se contenter de consacrer ses loisirs aux réceptions et aux bonnes œuvres comme beaucoup de femmes de son milieu.

Nicolle Forget a fait revivre Thérèse Forget Casgrain dans une biographie dont le titre décrit bien le fascinant personnage : « La gauchiste en collier de perles ». Cependant, les maigres archives laissées par Thérèse Casgrain ne lui ont pas permis d’approcher de très près cette femme assez réservée sur sa vie personnelle. Selon la biographe, Thérèse Casgrain était une femme pas très encline à consulter les autres, ne s’embarrassant pas toujours des règles à suivre, mais qui savait d’un coup de téléphone à la bonne personne obtenir ce qu’elle voulait.

Éprise de justice, Madame Casgrain s’est investie dans des batailles de toutes sortes, mettant à profit son temps, son argent, son sens de l’organisation et son vaste réseau de connaissances. À contre-courant de son milieu, de sa classe et de son sexe, elle était convaincue qu’elle pouvait modifier le cours de l’histoire et elle s’y emploiera jusqu’à la fin de sa vie. C’est son aversion de l’injustice qui l’a menée vers l’action politique. Toute sa vie, elle a participé à des activités politiques, sociales et syndicales.

Entre autres, elle a siégé au Conseil fédéral du salaire minimum ; elle a été présidente de la Ligue pour les droits des femmes de 1928 à 1942 ; elle a fait partie du Conseil de la santé au Canada et du Conseil canadien du développement social ; elle a été nommée Officier de l’Ordre de l’Empire britannique pour ses services en temps de guerre mais elle a été surtout connue pour avoir, dès 1921, dirigé le mouvement pour le vote des femmes au Québec dont la victoire a été atteinte en 1940.

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