En 1808, les Lagimodière doivent quitter subitement la région de Pembina. Jean-Baptiste veut éloigner Marie-Anne car la vie de son épouse est grandement menacée par la femme indienne que Jean-Baptiste avait déjà fréquentée et qui lui avait donné trois fillettes métisses (Antoinette, Marguerite et Lisette). Follement jalouse, l’Amérindienne menaçait d’empoisonner Marie-Anne. Ils se dirigent donc vers Fort des Prairies, site actuel d’Edmonton, Alberta. Les quatre années vécues à Fort des Prairies ont été très dures pour Marie-Anne. Des barrières, elle a dû en surmonter, surtout celle de la langue. Car même si plusieurs Canadiens français s’étaient installés dans la région, la majorité des colons avait épousé des femmes indiennes qui ne parlaient pas le français. Elle a eu également à s’adapter à son nouveau mode de vie calqué sur celui des nomades. Les déplacements fréquents, les hivers très rudes et la guerre entre les Pieds-noirs et les Cris rendaient la région très hostile aux voyageurs. Lors de ce périple, Marie-Anne a donné naissance à deux enfants. Le premier, Jean-Baptiste dit La Prairie a vu le jour en août 1808 au beau milieu des champs et en 1810, une fille, Josette dite Cyprès née dans la région de Cypress Hill (frontière Alberta-Saskatchewan). Au grand bonheur de Marie-Anne, Jean-Baptiste lui annonce qu’il souhaite retourner à Red River. Une bonne occasion pour s’établir enfin de façon  permanente.

Quand Marie-Anne et Jean-Baptiste arrivent enfin à Red River, en 1811, il n’y a personne. Déçus, ils décident de se rendre à Fort Daer où ils demandent hospice au chef du fort, pour y attendre la venue des premiers colons qui arriveront à la fin de l’été 1812. À l’été, les Lagimodière reviennent à Red River où les autorités concèdent à Jean-Baptiste une terre qu’il pourra cultiver et, aussi, y élever des animaux. Malgré l’établissement de cette colonie, les Lagimodière ont vécu de dures épreuves au cours des cinq premières années passées à Red River. En décembre 1812, la famille s’est agrandie d’un nouveau membre, Benjamin. Durant trois ans, la famille a habité une maisonnette de bois creusée dans le sol et recouverte de branchages. Les rivalités entre les deux grandes compagnies de traite de fourrures se sont intensifiées à un point tel que la Compagnie du Nord-Ouest a réussi, avec l’aide de Métis et de Canadiens furieux de l’arrivée de ces colons, à détourner les convois qui assuraient l’approvisionnement de la colonie de Red River. Cette rivalité entre les deux compagnies a bouleversé le quotidien de la colonie. Marie-Anne et ses enfants ont dû se réfugier avec les autres colons dans le Fort Douglas pour se protéger des attaques de la Compagnie du Nord-Ouest. 

Le calme est enfin revenu dans la colonie en janvier 1817. Tous espéraient qu’enfin ils pourraient vivre paisiblement et prospérer. Malheureusement, les années 1820 ont été catastrophiques pour la nouvelle colonie. Des catastrophes naturelles, des invasions annuelles de sauterelles et de graves inondations se sont abattues sur la région de Red River. Plusieurs colons désespérés ont quitté pour les Etats-Unis mais la famille Lagimodière est restée à Red River. Les Lagimodière ne devaient pas le regretter puisque les années 1830 ont été remplies de succès. Grâce à la vente de peaux de bisons et à des récoltes extraordinaires, ils ont pu vivre plus aisément. Les fils de Marie-Anne ont pu acheter des nouvelles terres et ainsi agrandir la propriété familiale.

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