Norah sait maintenant que dans certains pays, les enfants ne peuvent même pas aller à l’école et qu’ailleurs, d’autres enfants doivent s’y rendre pieds nus, car ils n’ont pas de chaussures. En plus, certaines femmes n’ont pas le droit de s’exprimer. On les prive de liberté, on rit d’elles, on les bat, on leur fait très mal. Les Marcheuses ne pouvaient pas rester muettes devant ces tristes réalités. Elles devaient encore une fois agir ensemble pour faire reculer la pauvreté et la violence faite aux femmes. Elles ont ainsi trouvé 2000 bonnes raisons de marcher avec les femmes du monde entier.

 

Cinq ans après la première marche, Hélène et ses amies organisent donc une grande manifestation dans les rues de Montréal. Mais cette fois-ci, elles ne sont pas seules : leurs maris, leurs amis, leurs enfants marchent avec elles. Ils sont plusieurs milliers. C’est un moment magique et historique ! Norah aurait bien aimé voir ça… car ça ne se passait pas seulement à Montréal. Durant des mois, les Marcheuses avaient rencontré des femmes de partout dans le monde. Alors, ce jour-là, dans 161 pays en même temps, des femmes de toutes les origines ont marché ensemble afin de faire changer les choses.

 

À partir de ce moment, le mouvement des Marcheuses était devenu mondial et plus personne ne pouvait fermer les yeux devant leur message. Depuis que Norah est née, sa grand-mère continue de travailler avec les Marcheuses de la planète. Une fois, elle est allée en Afrique, au Rwanda. Avec d’autres femmes de partout sur la terre, elles ont rédigé une longue liste de tout ce qu’elles voulaient vivre et voir dans ce monde. Les Marcheuses ont intitulé leur liste La Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Elles y parlent avec espoir de justice, d’égalité, de solidarité, de paix et de liberté.

 

La Charte s’est promenée dans plusieurs pays et elle est arrivée dans le port de Québec alors que Norah avait un an à peine. Elle ne se souvient pas vraiment de ce grand événement, mais dans sa chambre, elle a une photo de sa grand-mère, des autres marcheuses et des femmes autochtones qui ont accueilli la Charte longue de plusieurs mètres. On voit aussi des hommes, des enfants, des gens de toutes les cultures qui sont heureux et émus de partager ce moment avec les Marcheuses. On voit aussi des ballons de toutes les couleurs…

 

Aujourd’hui, Norah est fébrile. Comme elle a six ans, elle peut enfin accompagner sa grand-mère lors de la marche contre la pauvreté.

 

Quinze années se sont écoulées depuis la première marche. Grâce à tout ce que les Marcheuses ont fait, moins de gens s’appauvrissent dans le monde. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Il faudra encore des milliers et des milliers de femmes comme Hélène et ses amies pour rappeler à toutes et à tous qu’il est nécessaire que les choses changent si on veut vivre dans un monde meilleur.

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