{  UNE NOTE DE SAGESSE  {

        Un homme avait au bout de sa terre un érable magnifique. Cet homme venait de la ville et il ne connaissait rien aux arbres. Il vint trouver l’érable vers la mi-juillet et lui dit : "Donne-moi de ta sève sucrée, que j’en fasse du sirop". L’érable lui répondit: "Je n’ai plus de sève à donner, elle est toutes mes feuilles".

        L’homme revint à la fin octobre et dit à l’érable : "C’est l’été des Indiens. Il fait chaud. Donne-moi de l’ombre". L’arbre lui répondit : "Je n’ai plus d’ombre à donner parce que le vent m’a pris toutes mes feuilles". Déçu, l’homme ne revint que six mois plus tard à la mi-mars. Il dit à l’arbre : "Je suis fatigué de ne voir que le blanc de la neige. Donne-moi donc de tes belles couleurs d’or et de rouille". Mais l’érable était si occupé à pomper la vie dans ses bourgeons qu’il ne l’entendit même pas. Furieux, l’homme le coupa et le brûla.

        En demandant à l’autre ce qu’il ne peut donner, je ne vois plus ce qu’il peut m’offrir...

Anonyme

{  NEIGE {

         Neige de cette fin d’hiver, sale au bord des routes, éternelles sur les glaciers, dans les champs qui m’entourent plus rien ne te retient, aucun bien ne t’accroche, la terre, un brin réchauffée, ne te veut plus. Tu insistes, par bourrasques, tu résistes, il est trop tard. Ton heure a passé, l’an prochain tu pourras réessayer peut-être de t’incruster.

        Déjà transformée, peut-être même évaporée tu continues ta route avec cette même élégance vers d’autres contrées. Dans la danse blanche, elles aussi tu les emmènes, chacune à leur tour, de cette vierge blancheur tu les recouvres.

        J’aime cette pagaille que quelques jours par an dans nos rouages tu instaures. J’aime cette bataille que chaque année tu livres par rafale de flocons ivres contre le sel et l’habitude.

Salut à toi, neige blanche. Reviens l’an prochain.

Source Internet

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